Twilight of the Gods

- J’ai faim... ça doit bien faire des siècles que je n’ai rien mangé.

En vrai, ça fait à peine 10 jours qu’y avait pas mangé, mais j’osais pas dire au “chef”.

- Et ça donne quoi le village là-bas ? qui demanda en pointant son bras démembré en direction du sud.

- Comme les autres, que j’lui répond. Trop de défense, on est pas assez nombreux pour passer.

- On en enverra d’avantage alors. Il nous faut de la chaire fraiche pour ce soir. Je meure de faim.

Ouais que j’pensais, moi aussi j’ai la dalle. Mais moi, jsuis pas chef et jsuis même pas sûr d’avoir n’serait-ce qu’une main pleine d’os à m’mettre sous la dent. D’ailleurs, sont d’plus en plus chétif et maigrichon, la bouffe.

- Bon aller, on va vadrouiller dans le désert. Avec un peu de chance, ils en ont laissé derrière eux.

Jsuis toujours volontaire pour chercher d’la bouffe. Faut dire que comme jfais parti des derniers à avoir rejoint les rangs, jpasse après tout l’monde. Qu’est-ce que j’ai faim.
C’te nouvelle “vie”, c’est pas drôle. J’arrive pas à bouger. Ou très lentement. Jsais qu’avant, j’avançais pu vite dans l’désert, ça ramait moins là-bas d’dans. Mais maint’nant, ça tourne moins bien.
Après qu’que temps, on s’est arrêté et qu’le chef l’a dit qu’on restait là jusqu’à la nuit. Et on a attendu. Attendu, attendu, attendu. C’est rien passé. Ah si. A un moment, ya bien un groupe de bouffe qu’est passé. Mais, z’étaient trop rapide. On a même pas pu s’approcher.

- Allez, on s’arrache les gars. Rassemblez vos membres - Eddy, ton pied est là bas, oublie le pas, ça fait désordre. On doit aller vers la ville.

Une fois prêt (j’avais encore perdu mon bras) on s’est traîné vers les remparts. j’avais l’impression qu’elles z’étaient plus grosses qu’hier. Nous, on était plus nombreux, ça c’est sur.

L’chef a fait son discours habituel, mais les zautres, ils écoutaient pas. Ils bavaient tous, car y voyait la bouffe sur les remparts.
J’crois qu’le chef l’est désespéré. J’crois qu’le chef il en a marre de ces bras-cassés (quand il en manque un autre bout). J’crois qu’le chef il va nous faire une dépression. Du coup, il a juste grogné le signal de départ.

Les copains se sont précipités comme des escargots sur la salade. Lentement.
J’crois quand même qu’on fait peur à la bouffe. J’crois qui nous craignent quand même. Y’en a on les entends crier et pleurer.
Moi, jme jette pas sur la bouffe que jvois en face de moi. J’passe par l’nord. j’ai compris (‘fin j’crois) qu’la bouffe est pas innofensive. Hier, j’ai vu Scott qu’a pris un frigo sur la tête, y’en avait de partout. Pauvre Scott, l’était sympa. On jouait au baggamon avec les os d’la bouffe avant.

J’monte douvement les parroies qui mènent au garde manger. C’est ‘achement haut. Pis j’ai faim. Et dire qu’on doit garder la cervelle au chef, parce que soit disant “comme c’est l’chef qu’organise tout, l’a besoin d’réfléchir”. Paraît qu’c’est l’meilleur morceaux. j’aimerais bien gouter un jour.
Jsuis sur l’rempart. Jvois eprsonne, mais j’entends les copains qui grognent. Se sont tous précipité sur la bouffe, ces cons. Moi, j’ descends tranquillement vers les batiments. Y’a des trucs verts, on dirait des sacs. y’a p’être qu’quechose là bas d’dans.

JACKPOT, y’a d’la bouffe ! Elle dort. Elle a l’air bonne... MMMhhh, j’vais m’régaler. J’commencerais bien par la cuisse, ou alors par le bras, ou mieux......

Aïe. La bouffe dort encore. Mais, jcrois j’ai pas. Qu’est-ce que... Zut, ça coule. C’est gluant et vert. Oh merde. Jcrois qu’cest un morceau d’ma tête.... Et dire que j’commençais juste à m’amuser. Et Scott, qu’est-ce qu’tu fous là ?